Bon, je me lance, on dirait que tout le monde y est passé (sauf MoparNut qui joue le timide - comme je vais écrire un roman, il va moins hésiter, c'est sûr)...
C'est pas aussi tortueux que chez certains, mais on verra, y aura p'têt' un truc marrant ici ou là.
Tout d'abord, faut bien avouer que j'ai jamais eu de grosses difficultés à l'école.
Avec une grand-mère institutrice, qui a pris sa retraite à peu près à ma maissance pour pouvoir s'occuper de moi (ma mère n'avait pas tout à fait fini ses études d'archi, et elle bossait déjà), j'ai eu la chance (!) de faire l'intégralité du programme du primaire en double, et d'apprendre à lire à l'ancienne alors que tous mes camarades de classe ont été victimes de la méthode globale (et certains écrivent ici, je le vois souvent...).
Je trouvais ça super chiant à l'époque, mais ça n'a pas été inutile tout compte fait.
Et puis, ma grand-mère a lâché l'affaire à partir de la 6ème, et j'ai pas trop forcé après.
J'ai dérivé doucement comme ça jusqu'en Terminale C, où mis à part en anglais et en physique, ça a commencé à merder un peu (faut dire que je cherche toujours les cases pour choisir les options billard et alcoolisme, dans le formulaire d'inscription au BAC).
Bref, en fin d'année, je n'avais préparé aucun dossier, ou fait aucun concours, tant j'étais persuadé de me vautrer.
Et pas question de m'inscrire en Fac, ma mère savait bien que j'aurais fait snooker en matière principale.
Grande surprise, je l'ai eu (avec la formidable note de 10.00 sans les options).
Ah ben merde! Fait chier!
Redoublement dans un autre bahut (dans le 16e, ça change du 15e), avec 11 redoublants sur une trentaine d'élèves, dont trois qui avaient déjà le BAC. Tiens, je ne suis pas le seul qui s'est fait niquer!
Cette année-là, par la force des choses, j'ai bien fait quelques concours et quelques dossiers (ça claque de mettre le BAC qu'on a déjà, dans un dossier rempli au mois de Mars).
A cette époque-là, mon hobby, c'était l'électronique - ceux qui se sont déjà incrusté un boitier TO3 incandescent, relié au secteur, dans la paume de la main avant de se retrouver dans le noir parce que les plombs ont sauté, savent de quoi je parle...
Jusqu'en Terminale, j'étais persuadé de vouloir faire de la chimie, ça m'avait toujours intéressé en cours.
Heureusement, le programme de Terminale (et je l'ai fait deux fois, pour être sûr) m'a définitivement rassuré sur le sujet : la chimie, c'est méga-CHIANT.
J'ai donc orienté mes recherches sur l'électronique.
Par contre, la plupart des écoles (ESIEE, INSA) étaient du genre à coûter 20 ou 30 000 balles par mois, et ça, c'était pas trop facile à envisager ... Je me suis inscrit quand même, pour pas être coincé à la rentrée, à toutes les écoles dont j'ai réussi le concours (et la modestie m'interdit de vous dire qu'il y en avait plusieurs).
Et puis ma mère (ou ma grand-mère, ch'sais plus) a vu un truc sur France-3, au journal régional, et j'ai commencé à me renseigner (pas sur internet, à l'époque, fallait aller au CDI, demander à des vieux pour qu'ils cherchent sur le minitel...).
Bref, grâce à Edith Cresson, le CNAM lance une école d'ingénieurs par l'apprentissage, sur 5 ans, qui va ouvrir l'année prochaine (en 1991). En plus, c'est Electronique et Informatique, dans le même cursus. Ca tombe bien, l'informatique, j'y connais rien mais ça a l'air marrant.
Avantages : pas besoin de payer, c'est nous qu'on est payés (bon, pas cher, non plus, mais c'est mieux que de lâcher 2 ou 3 plaques en frais de scolarité chaque année, et ça a bien suffi à financer mon alcoolisme naissant de l'époque).
Inconvénients : je passe directement de 5 mois de vacances à 5 semaines. Aïe...
Dossier, concours (je commence à être bon, j'en ai déjà fait 6 ou 7 cette année), tests psychotechniques (comment décrire ça?? c'est un tas de questions rédigées par des drogués auquel je dois répondre à jeûn, et sans LSD), et hop!
On a le droit de choisir son entreprise parmi les partenaires fondateurs de l'école (principalement du Thomson, du Schneider, etc.)Comme tout le monde à l'époque, j'ai d'abord choisi tout ce qui tournait autour de l'armement (Thomson).
S'ensuit une série d'entretiens d'embauche, qui débouchent sur... rien.
Rattrapage avec d'autres entreprises (nettement moins glamour pour un gamin de 18 ans)...
Les résultats? ben, en fait, plus tard, les résultats... Très tard, même, puisque j'ai eu le temps d'avoir le BAC une deuxième fois, avec mention (pas fait exprès, mais on est plus détendu, quand on l'a déjà) , et j'avais déjà dû confirmer mon inscription à l'ESIEE... avec le petit chèque sur le point de partir...
Hop, on déchire le chèque, et on va signer son contrat d'apprentissage. "Tiens, ça, c'est le DRH, ça, c'est la machine à café, tu signes là, et on se revoit dans 6 mois. ". Mon premier contrat! je suis même pas dégoûté d'avoir fait deux heures de train pour rester sur place 30 minutes!
A partir de là, et dès le cocktail d'ouverture de l'école avec Edith Cresson (j'ai oublié ce qu'elle racontait, par contre je me souviens encore des boudins antillais du cocktail), le ton était donné. Ca allait glander sévère, après tout, j'en étais arrivé jusque là comme ça, on pouvait bien tenir 5 ans de plus... Il a fallu abandonner le billard, c'était pas facile à trouver aux abords du CNAM, mais je suis devenu un tueur au Tarot.
Par contre, la boîte qui m'a embauché (qui faisait des automatismes de contrôle pour Sollac, entre autres) traversait une passe difficile (elle est passé de 250 personnes à 110, puis a été revendue à son principal concurrent), et il a fallut changer de barque en cours de route.
Dommage, mais ça m'a permis de visiter des sites industriels déments (chez Sollac, ça allait du vieux truc façon Zola à l'ultra-moderne).
Là, on est en fin de troisième année. Je suis passé quasiment de premier de la classe à dernier (j'ai jamais été tout à fait premier, ni tout à fait dernier, mais à deux ou trois près, c'était ça). Et là, le prof qui avait la chance de s'occuper de moi (un vieux routard du CNAM qui avait enseigné à quelques générations de courageux travailleurs qui venaient le soir, et qui tentait de faire la morale à un petut branleur même pas capable de bosser dans la journée), m'a epxliqué le choix qui s'offrait à moi : soit je deviens bon, et par miracle je retrouve une boîte (tout seul, l'Ecole ne m'aidera plus), soit je coupe mes cheveux plus courts, parce que mon report d'incorporation arrive à échéance à la rentrée, et qu'il ne peut-être renouvelé que si j'ai un contrat...
Fin de la récré. Pas facile de remonter au classement, quand il faut se battre contre des bêtes à concours qui bossent en permanence! Les cons, je les soupçonne de bosser aussi le week-end! Enfoirés! En plus, mes compagnons de beuverie, qui ont encore leur contrat, peuvent continuer de végéter dans le fond du classement, sans risque... Les deux trimestres restant s'annoncent longs...
Pour faire court, un prof que j'ai réussi à impressionner (il enseigne ce qu'on m'a fait faire au taf depuis deux ans, c'est pas trop dur) appelle un de ses potes en Allemagne, qui me trouve une place dans une boîte locale, et une piaule dans un logement universitaire raide de neuf construit pour la rentrée prochaine (j'ai passé six mois là-bas, dont 4 et demi tout seul dans un immeuble de 60 appartements). Un gros coup de bol, finalement, et une expérience à l'international en plus.
J'ai pu garder les cheveux (assez) longs, ce qui est plutôt bien vu que j'en avais encore, à l'époque...
Retour en France, ou je m'arrange pour avoir un contrat à la Mairie de Paris (maintenance des réseaux d'assainissement) pour ma dernière année. Bien placé, un bureau de rêve (une fenêtre qui donne sur Bastille, une autre sur le Tour Eiffel), l'endroit idéal pour faire son mémoire d'ingénieur entre deux ballades dans les égouts (très instructif, les égouts).
Prévoyant, j'avais aussi passé une partie de la dernière année à m'occuper de mon avenir... C'est à dire à partir en coopération à l'étranger pour le Service Militaire. Tout était arrangé, pour la Belgique (on fait ce qu'on peut), avec une boîte qui employait un gars de mon école, dans la seconde promo...
Jusqu'à la remise des diplômes (Remis en main propre par Didier Pineau-Valencienne, entre deux passages quai des Orfèvres sans doute). Là, le pote qui bossait dans la boîte en question m'aborde :
- Dis, Fab', elle t'a appelé, Mme Machin, au sujet de ton dossier, cet été??
- Heu, non, pourquoi, elle aurait dû?
- Tu devrais la rappeler, je crois qu'il y a un truc qui a merdé!
(pour info, on est fin Septembre 1995, et je suis incorporable au 15 Octobre).
Je la rappelle...et j'entends, en gros, "ben les paperasses, c'était trop compliqué, on a laissé tomber. On ne vous a pas appelé? oh mince, c'est ballot, Mlle Truc a dû oublier".
Un de mes bons copains de beuverie a exactement le même coup avec sa boîte, je me sens moins seul.
Branle-bas de combat chez les Bernard, visite à Vincennes en urgence.
En fait, ça fait 5 ans que je leur dit que tout va bien, que je suis en pleine forme, et là, à trois semaines de Verdun, je leur fait le coup de l'asthme...Mais bien sûr! on va voir tout ça à l'hopital militaire de Clamart, et prévoyez des fringues, ça va durer quelque jours, on connaît la chanson... (en fait, après une demi-journée de paperasse, ils m'ont fait respirer de la méthylcholine, qui a failli me tuer à la première bouffée, et ils m'ont mis dehors dans l'heure qui a suivi mon rétablissement.
Mon pote breton, lui, qui picolait ses trois litres d'alcool par semaine en moyenne depuis au moins 5 ans, et qui ressemblait toujours à Justin Timberlake après 10 ans de musculation, ben il a fait 10 mois de camping à côté de Verdun...
En attendant le papier définitif, j'ai un peu bossé à la Mairie de Fresnes, et j'y suis resté un peu encore après, le temps de me décider à entrer vraiment dans la vie active, et aussi de rendre visite à un pote plus chanceux en coopération à Hong-Kong, puis je suis rentré dans une boîte de merde avec deux autres potes de la promo suivante, qui avaient intelligemment sauté la case 'Service' dès le départ.
J'y suis resté 6 mois, dont les 4 derniers passés à chercher du taf (et j'en ai trouvé pour plein de collègues plus expérimentés), et je suis passé à La Poste. Dans un service filialisé depuis, mais j'y suis toujours...
Tiens, si je voulais faire plus long, je vous raconterais que mon pote de beuverie breton, un jour, est rentré du boulot avec une nouvelle qui nous a fait bien rigoler... L'ingénieur qui était chargé de le coacher(40 balais, marié deux enfants) , dans sa boîte, avait viré sa cuti et lui avait fait sa déclaration... Ca claque!
Je viens de chercher son nom sur Google, et il dirige maintenant la filiale russe de l'entreprise familiale, ouverte en 2005...
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