zoot écrit:
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Je passe la parole à Beep Beep, il se fera un plaisir de raconter "sa" gay pride, avec le collectionneur de tank !
C'était une belle journée. Je devais conduire un cabriolet Cadillac 59 pour un évènement dont je ne connaissais pas la nature. J'arrive à la boite et trouve sur place un sexagénaire, collectionneur d'engins militaires, convié avec une Jeep Willys, à participer à cette manifestation. J'ai été mis dans la confidence peu avant le départ, avec pour mission de cacher la vérité le plus longtemps possible à mon coéquipier. Il s'agissait en fait de circuler dans le défilé de la première mouture de la gay pride.
Ouvert même si non pratiquant, je n'y voyais aucun inconvénient, plutôt heureux de passer un peu de temps au volant d'une auto que je continue d'apprécier, au plus haut point. Nous nous dirigeons vers le point de rendez vous, dans un cortège peu orthodoxe, la Cad précédent la Jeep. La date prêtait à confusion, c'était peut être un 18 juin car le proprio de la Jeep, trompé par cet élément, avait revêtu, certainement avec difficulté, en raison d'un embonpoint certain, un treillis et tout le barda, casque lourd compris.
Un peu surpris par l'attitude des premiers arrivants, mon GI vient me faire part de son étonnement face à une jeunesse décadente. Alors que le cortège gonflait, que des gros barbus en tutu, arborant des vibromasseurs commençaient à s'agglutiner, j'ai vu toute la misère du monde, la réprobation et d'autres sentiments, envahir le visage du militaire. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de persuasion pour qu'il ne parte pas en faisant crisser les pneus.
Le cortège s'ébranle et du coin du rétro je distingue l'oeil éteint et résigné de celui qui pourtant, peu avant, arborait encore la fierté du guerrier. Plusieurs fois, je me suis rendu à ses côté, profitant d'une halte passagère, qui laissait la possibilité à des drag queens, des travelos, des folles... de s'approcher, de grimper dans la Jeep, de lancer des préservatifs ou de poser à côté de ce sympathique militaire, digne des grandes heures de village people. Le bougre avait encore un peu d'énergie, il s'époumonait: "non pas de photo, je ne fais que louer ma voiture" provoquant ainsi un redoublement de réactions de la foule en délire. Je redoutais que sous l'emprise d'une liesse populaire, certains aient eu l'envie de se saisir de lui pour lui arracher sa veste, le porter en triomphe. Si mes souvenirs sont exacts le parcours devait être Bastille, place de la Concorde, c'est dire qu'il y avait du monde, des photos...
Après quelques heures, nous sommes rentrés à la boite. Il était méconnaissable. J'étais soulagé.
Le soir j'arrive à la maison. Je regarde le journal régional et que vois-je? Ben oui, un reportage sur l'évènement, avec un long plan sur mon GI. La petite histoire dit qu'il a été viré de son club de collectionneur d'engins militaires.
:laugh: :lol: