FredG écrit:
Citation:
Yec'hed mat Louarn !
Pour ceux qui ne font pas partie de la diaspora Moparisante-bretonne, eul' gars FredG, il a dit "à ta santé, la bestiole à poil roux" ! :laugh:
Ehh oui, j'suis p'tet un p'tit normand de naissance, mais ayant passé la majeure partie des vacances avec mes parents, à camper à travers toute la Bretagne, puis j'ai appris à décrypter quelques unes de leurs expressions ! :P
Et lorsque je parle de "Bretagne", moi, en bon normand, j'intègre tout le territoire breton, à l'ouest d'une ligne Saint Malot - Le Croizic :laugh: :laugh: :laugh: !
Ah mince, le Croizic n'est pas en Bretagne et j'ai zappé Rennes ! :P Enfin bon, vous m'avez compris, et ça fait une moyenne !
Enfin bref, j'ai appris très jeune, à aimer cette belle région et ces rudes gaillards qui ne sont jamais avares d'une bonne blague !
Tiens, ça me rappelle une année ou nous campions avec des amis de mes parents, dans une ferme, du coté de Chateauneuf du Faou, en bordure de l'Aulne. C'est au coeur du Finistère millénaire.
La ferme se situait au bout d'une petite route qui finissait par se jeter dans la rivière, après un virage. Ce que je veux dire, c'est que depuis la ferme, la petite route en question semblait continuer normalement sur 100 mètres environ, avant de rencontrer l'Aulne et de s'arrêter là, sans qu'on puisse le deviner.
Ce simple détail géographique m'a fait passer des vacances inoubliables, tellement j'ai pu rire cette année là !
Car innombrables étaient les touristes qui finissaient par se perdre et s'échouer là, devant la ferme. Le grand père, était toujours assis là, sur son banc, frisant ses moustaches, attendant avec délectation ce petit bonheur quasi-quotidien.
Certains s'engouffraient là, sans même un regard vers le grand père, mais quelques uns s'arrêtaient pour demander leur chemin :
Le touriste perdu : - "
Euh, bonjour Monsieur. C'est bien par là, la route de Chateauneuf ?", demandaient-ils alors, histoire de se rassurer, en montrant la petite route qui continuait.
Dès le premier bruit de moteur, les 4 gamins que nous étions là, arrivions ventre à terre pour ne rien rater du prodigieux spectacle qui se préparait.
Le grand père (forçant son accent qui sentait bon le granit et saucisson) : - "
Eh oui mon gars, c'est tout droit, tu peux pas te tromper".
Nous, on se regardait en se pinçant pour ne pas rire, pendant que le pauvre touriste perdu s'engagait sur la voie sans issue, rassuré par ce bon grand père, dont les cheveux blanc, inondés d'une lumière céleste semblait faire de lui... tiens, c'est pas dur, il ne pouvait être que la réincarnation de Saint Christophe qui voyant l'égaré, s'était posté là pour l'aider en le guidant vers la lumière … Puisse-t-il être béni, ce saint homme et vivre bien des années, sur son banc...
Bien entendu, la sinistre méprise était rapidement corrigée lorsque le touriste jovial et heureux, désormais certain d'être sur la bonne voie, se retrouvait au bout de la petite route qui assez mystérieusement, se terminait d'un coup, sur la berge moussue et herbue ...
"
J'ai du raté quelque chose, se disait-il,
la route a du faire un virage et je ne l'ai pas vu", ignorant le cri d'alarme au fond de son subconscient qui l'invitait à reconsidérer d'un oeil plus méfiant, le charmant grand père vu précédemment.
Mais non, même après un demi tour, point de route, de bifurcation, ni même de pont en cet endroit !
Lorsque la sonorité du moteur quelque peu rageur du touriste se rapprochait à nouveau, nous nous cachions alors derrière la haie, au plus près, pour ne rien rater du spectacle:
Le touriste mi-agacé, mi-penaud passait généralement à fond de train dans l'autre sens, avec un regard de tueur en direction du grand père, qui les contemplait, vaguement goguenard, toujours à se friser la moustache sur son banc, au soleil devant la ferme, « jurant, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrait plus ».
Certains autres en revanche, plus vindicatifs ou moins compréhensifs sur le bonheur simple d'un vénérable grand père au crépuscule d'une vie bien remplie, s'arrêtaient à nouveau pour insulter cette "
ignoble incarnation du diable sur terre", lui expliquant en termes fleuris et exotiques, que ce dernier ferait
mieux d'aider les égarés plutôt que de tenter, en plus, de les noyer.
Les touristes les plus sportifs, se proposaient même parfois d'aller le foutre à la flotte "le vieux"
pour servir d'exemple, à tous ces bretons déb*les dans ce pays de m*rde et pas plus tard que tout de suite d'ailleurs ...
Mais c'était sans compter sur la prévoyance légendaire du grand père, qui, en plus de son chien, avait toujours son fidèle fusil à porté de la main.
Il est curieux de voir combien le regard courroucé du plus sportif et agacé des égarés, s'adoucit soudainement lorsqu'un grand père se lève en s'appuyant sur le canon de son fusil, en prononçant un simple - "
Comment ?"
Bien entendu, une fois ou deux, la blague sera poussée jusqu'à un tir de semonce, qui n'aura finalement comme résultat que d'améliorer notablement la vitesse de fuite de la voiture des touristes sur les gravillons de la cour de la ferme ... sous nos hourrah enjoués !
Nos parents, sinistres rabats-joies normands, voyaient d'un mauvais oeil notre proximité immédiate à ces jeux, pourtant ô combien inoffensifs, du grand père. Ils nous rappelaient alors invariablement, pour nous demander « si nous n'avions rien de mieux à faire ». Une quelconque corvée aussi ennuyeuse qu'éreintante étant toujours à craindre, nous déguerpissions alors en tout hâte, pour nous rejouer la scène, là bas, au de la du champ de blé, sous le grand érable.
J'ai compris cette année là, que les bretons étaient vraiment de grand déconneurs ... et que les parents manqueraient toujours d'humour.
Quand aux Holley et autre Edelbrock, dans tout ça ? Ben moi j'y connais rien, alors dans le doute, je préfère ne rien dire ! :P
K.