Je l’ai expliqué
ici, je ne reviendrais pas en détails dessus, mais suite à une ânerie de ma part, je me suis retrouvé, en moins de 10 secondes, avec 5 litres d’huile éparpillés sur le sol du garage. Un filtre à huile inadapté, un manque d’attention avant le montage et bling ! A dire vrai, « Sploutch » serait plus exact, mais ne chipotons pas.
Depuis, j’ai repéré, je pense, l’origine de la fuite initiale : la plaque à l’arrière du filtre s’était légèrement desserrée, et même avec un nouveau filtre, ça fuyait encore. Mais cette fois ci, j’avais ma bassine dessous. Les âneries apportent au moins l’expérience.
Alors re-démontage, dégraissage à l’acétone, application d’un p’tit joint en pâte remontage et … pour le moment, je laisse vulcaniser la silicone quelques heures avant de remettre tout ça en pression.
Mais tout cela n’est pas véritablement le propos de ce message.
Non, en fait cette inondation à l’huile m’a demandé de réagir rapidement pour éponger tout ça, et n’ayant pas de fine sciure de bois, de litière pour chat ou autre produit absorbant sous la main, au moment ou cela s’est passé, je me suis rabattu sur mon gros sac de chiffons.
Il ne payait pas de mine ce gros sac poubelle, mais il contenait quasiment un mètre cube de chiffons divers, qui y sont presque tous passés, pour arrêter puis éponger l’épaisse mélasse (heureusement toute neuve !), qui fuyait sur le ciment du garage. A dire vrai, je piochais régulièrement dans ce sac, depuis bien longtemps, mais comme j’en remettais régulièrement, le niveau de chiffons restait stable.
Cet incident m’a donc poussé à faire descendre son niveau, à extraire plus de pièces de tissus que d’habitude, et donc... à remonter le temps.
Je ne vous cache pas que dans l’urgence, je n’ai pas regardé de près les étoffes, les textiles, les loques, les bouts de chemises, de draps, de robes et autres doubles rideaux que j’étalais à la vas vite sur le sol. Mais là, maintenant que l’urgence est passée et que désormais vient le temps du nettoyage, je ramasse, un à un, les chiffons souillés, et les jette dans un autre grand sac en vue de leur dernier et ultime voyage. Et les souvenirs me reviennent :
Tiens, un ancien bavoir de la grande. Bon sang, elle aura 10 ans cet été. Tiens, un tissus avec des clowns en motifs, que je reconnais : il a été utilisé pour la confection d’un « tapis d’éveil » pour mes deux filles. Ah, je reconnais ce morceau de tissus marron et or, c’est une chute des doubles rideaux de l’ancienne maison de ma regrettée mère. Huit ans qu’elle est vendue (la maison, pas ma mère, sots !).
Oh, mais ce tissu rouge bariolé de motifs de couleurs vives, c’est le même tissus qu’il y avait sur les coussins de mes grands parents ! Je me souviens encore de ma grand mère les fabricant en… 1976 ou 1977. J’avais interdiction absolue de m’approcher de sa machine à coudre ! Et pourtant, elle me fascinait cette machine infernale. De vous à moi, j’aurai bien donné quelques-une de mes petites autos pour passer juste une heure en tête à tête avec elle avec … une boite de tournevis, juste pour voir comment ça pouvait marcher ce truc là !
Et cet autre, d’un joli vert aux motifs hypnotiques, mais oui, je les reconnais, c’était les doubles rideaux de ma chambre, dans l’ancienne maison des mêmes grands parents, celle d’avant 1976, qui était située à Mers les Bains, où j’allais chaque année en vacances pendant un mois, avant de partir pour la Bretagne avec mes parents. Saleté de plage avec rien que des galets.
Voilà un autre tissu, parmi d’autres, plus anonymes: c’est une chute, ou peut-être même un morceau de la robe de ma grand mère, qu’elle mettait souvent pour m’emmener à la plage sus-décrite. Ce chiffon est probablement plus vieux que ma voiture … plus vieux que moi. Nous sommes désormais à la limite de la préhistoire ! :laugh:
Et tous s’enchaînent, là un bavoir miniature en lambeaux, probablement cousu par ma mère pour une de ses poupées. A l’époque, les filles devaient faire leur « trousseau », et très jeunes on les mettait à la couture… Ma mère voulait en faire son métier, elle deviendra infirmière puéricultrice. Là un reste de chemise à carreaux, mal identifiée. Probablement un vestige de mon grand père. Tiens, c’est drôle, j’utilise aujourd’hui encore, ses vestes de bleu…
A presque chaque lambeau de tissus, s’enchaînent d’étonnants souvenirs, mi joyeux, mi mélancoliques, souvenirs d’un passé lointain, que l’on pensait pourtant oubliés à jamais. C’est vraiment étonnant la mémoire.
Voilà ce qui se passe, lorsqu’on fouille dans un sac de chiffons, tenu sur trois générations, suite à une fuite d’huile: on range sa mémoire !
Tiens, pensera-t-on encore à moi, dans 50 ou 60 ans, pour éponger une machine à laver farceuse ou un siphon de douche bouché, rien qu’avec un morceau d’un de mes vieux t-shirts ridicules avec des bagnoles dessinées dessus ? Allez savoir ! ;)
K.