Et les gendarmes, me direz-vous, qu'ont-ils à voir là dans. J'y viens...
Tout d'abord, je dois vous dire que j'avais au préalable prévu de passer deux jours sur place et n'ont trois. J'avais également prévu de rester dans le village, pour éviter de me taper 30 Km le matin et le soir pour aller à l'hôtel à Reins.
L'hôtel à Fimes : charmante petite pension de famille, qui n'a pas été refaite depuis 1953, sans télévision, au milieu d'un village qui passé 19 h 30 est aussi animé qu'un cimetière en Bretagne sous la pluie. Heureusement que les gens étaient sympas.
D'autre part, il était impératif pour moi d'être à 19 heures à Paris le troisième jour, car j'emmenais mon fils pour un rendez-vous près-opératoire.
Le matin du troisième jour, alors que nous nous affairions à finir au plus vite la ligne d'échappement, je regarde Alexandre (directeur de la société) et lui dit à la cantonade :
- J'espère que ton sonomètre est efficace !
Je lis dans son regard comme un trouble profond l'envahissant. Et sans qu'il puisse le retenir, j'entends cette phrase : « le sonomètre ! Bordel ! Il est cassé !!!! Ne vous inquiétez pas, je vais appeler les gendarmes, je sais qu'ils en ont un en ce moment, et en général ils sont sympas avec moi »
Sans pouvoir le retenir je lui réponds : «Glourpe !!!! » Mais bon, si’ils les connaissent et qu’ils sont sympas, ça devrait le faire.
Quelques minutes plus tard, un camion livre une moto, avec deux pots d'échappements démonté dans le même colis. D'une part un 4 en 1 qui visiblement était là plus pour la décoration qu'autre chose, et l'autre, un superbe échappement catalytique, visiblement prévu pour ladite moto. Le livreur dit « le type s'est fait arrêter, il faut lui remettre le pot catalytique en vitesse, car s'ils ne la présentent pas ce soir à la gendarmerie, il lui confisque »
Le chef d'atelier commence à hurler en disant qu’il n’aurait pas le temps de le faire car il fallait finir ma voiture.
Jusque-là, tout le monde avait la tête dans le guidon en train de se dépêcher de finir ma voiture, et se souciait très peu de ce nouvel étron, à moitié éventrés dans l'atelier.
Fabien ne rejoint vers l'heure du déjeuner, avec sa Clio. Je lui fais la visite du propriétaire en lui expliquant tout ce que nous avions fait. Puis le temps passe.
Act 1 : Vers 15 heures, un motard (je les déduis à sa combinaison de cuir) se présente au bureau. Il venait chercher sa moto pour aller à la gendarmerie. Le responsable lui explique qu'il n'avait pas eu le temps de la faire et qu'il fallait impérativement finir la voiture qui était sur le pont avant de s'occuper de lui. Il explique que c’était important pour lui d'aller à la gendarmerie présenter sa moto. Et pendant qu'il était en train d'expliquer tout ça, arrive dans son dos, les deux gendarmes qui l'avait arrêté la veille. Tout ce petit monde se regardant, et ne comprenant pas ce que les uns et les autres faisaient la. J'avoue que c'était assez marrant.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là ! Pour bien comprendre la suite des événements, mettez-vous à la place du motard.
Act 2 : Alexandre qui les connaissait les accueille comme de bons potes. Me les présentes, et je les remercie vivement de leur dérangement. Puis ils entrent dans l'atelier, et s'extases quelques minutes autour de la voiture en disant qu'il n'en voit pas souvent, etc. etc… Là l'un des deux gendarmes avise la moto qui traînait dans un coin, et dit à son collègue « se serait pas la moto qu'on a arrêtée hier ». Alexandre intervient tout de suite en disant qu'il n'avait pas eu le temps de s'en occuper mais qu'ils la faisaient avant la fin de la journée pour que le propriétaire puisse leur présenter. Et les gendarmes de rajouter « il a plutôt intérêt parce que sinon sa poubelle finira à la fourrière ». À travers la vitre du bureau, le motard se commençait à se faire tout petit.
Act 3 : la voiture est terminé, on descend le pont et le gendarme après avoir lu attentivement le mode d'emploi, sort le sonomètre et s'installe derrière la voiture. Je la mets en route, et là horreur, une énorme fuite au niveau de collecteur d'échappement (une simple fuite due au fait que le collecteur touchait la culasse) provoque un étonnement général. Il faut dire que toutes les tôles et les vitres de l'atelier se mettent à vibrer. On regarde si l'on peut faire quelque chose, mais visiblement il fallait intervenir plus lourdement. Malheureusement il était 16 heures, et il fallait que je reparte au plus vite. Pas le temps de rectifier ce problème.
Au sonomètre, le compteur affichait plus de 100 dB.
Le gendarme regarde me dit « j'aurais besoin d'une voiture pour faire un test, parce que là ce n’est pas normal » avant que quiconque n'ait eu le temps de réfléchir ou de fermer sa gueule, se qui aurait été préférable, Fabien propose sa Clio, en oubliant complètement qu'il avait enlevé le pot catalytique. Le gendarme lui demande sa carte grise pour vérifier le niveau sonore. Moi je commence à me liquéfier, en me disant que si jamais la Clio est bloquée, on aura gagné la journées.
Fausse alerte, même sans pot catalytique, la Clio reste tout à fait dans la norme. Ouf !!!!
Act 4 : le gendarme dit que pour faire le teste, il faut qu'il soit sur une route goudronnée, sans trop de bruit ambiant, ce qui n'est pas le cas de l'atelier ni même de la rue qui est devant l'atelier, lourdement encombrée de camions qui passent.
« Prenez votre voiture, et suivez nous, on va vous emmener dans un coin tranquille ».
Pendant ce temps-là, l'atelier se jette sur la moto pour la faire au plus vite.
Fabien et moi montant dans la cuda et emboîtant le pas de la voiture de gendarmerie en faisant un bruit monstrueux. La surprise est énorme. Il nous emmène dans le camping municipal, pour nous installer au beau milieu des campeurs en disant « arrêtez-vous là, on va vous installer le sonomètre ». Ce qui fut diffus fait, à la grande surprise générale de tous les campeurs. « Mettez-la à 2000 tours, OK c'est bon, passez à 3000…. OK c'est bon pour nous ! » J'en rigole encore.
Verdict : 92 dB à 2000 tour, quatre de plus à 3000. Nous les avons chaudement remerciés pour leurs déplacements et leur gentillesse, devant tous les campeurs complètement désabusés.
Le retour sur Paris s'est fait sans problème, la voiture marche super bien, et après rectification de ce petit problème de fuite de collecteur que j'ai effectué hier, le résultat est très satisfaisant. Malgré des infrasons absolument énormes, la voiture ne faite pas trop de bruit.
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